Vous avez peut-être vu passer l’information sur les réseaux sociaux ou dans les médias : une PACES sans redoublement va voir le jour à la rentrée 2018 ! Cette information a créé un vrai vent de panique sur les réseaux sociaux :
C’est vrai que l’an prochain ils vont interdire le redoublement pour les paces dans certaines Fac ? Si c’est vrai c’est vraiment n’importe quoi 😳
— Aviscène (@AviScene_) 23 janvier 2018
Nous vous avions déjà parlé de ce projet dans notre article du 24/11. Dans cet article, l’ANEMF décrypte avec vous les rouages de cette expérimentation !
➤ Elle fonctionne comment, cette PACES particulière ?
La PACES particulière est relativement semblable à une PACES classique, à quelques différences près :
- le redoublement est supprimé : chaque étudiant devra à l’issue de cette PACES intégrer une autre formation. Les différents cas possibles sont :
- l’étudiant étant reçu au concours intégrera une formation de santé.
- l’étudiant n’étant pas reçu au concours mais ayant validé la PACES (reçu-collé) pourra intégrer une L2 de son choix (l’université devra garantir la possibilité de se réorienter en L2 pour tout étudiant reçu-collé).
- l’étudiant n’étant pas reçu au concours et n’ayant pas validé la PACES pourra intégrer une L1 de son choix.
- le concours est décomposé en deux parties : il y a dans un premier temps un concours d’admissibilité écrit, toujours coupé en deux semestres S1 et S2, qui permet d’attribuer directement une proportion des places du numerus clausus, et dans un deuxième temps un concours d’admission oral qui permet d’attribuer les places restantes. La forme des oraux est très standardisée, sur le modèle de ceux qui sont conduits à Angers et qui se déroulent très bien pour les étudiants concernés. Les risques de « piston » ou de discrimination sont, par exemple, éliminés en faisant appel à plusieurs jurys successifs composés de plusieurs examinateurs, en situation d’anonymat.
➤ Mais alors, on n’a plus qu’une chance d’entrer en médecine ? (ou en pharmacie, en maïeutique, en odontologie, en kinésithérapie, …)
NON ! C’est toute la subtilité de cette expérimentation : après avoir eu une première chance au concours composé d’un écrit et d’un oral, l’étudiant dispose d’une deuxième chance via une alterPACES. Toute PACES particulière sera obligatoirement accompagnée d’une alterPACES.
L’alterPACES, c’est une voie d’entrée dans les études de santé qui est déjà expérimentée dans beaucoup d’universités, et qui consiste en l’admission directe d’étudiants ayant validé une L2 ou une L3 directement en deuxième année de médecine (ou pharmacie, ou …) sur la base d’un dossier et d’un oral. Cette admission peut être conditionnée par l’acquisition d’UE complémentaires pendant la licence d’origine (par exemple, un module d’anatomie) et souvent selon celle-ci.
Ainsi, à l’issue d’un échec en PACES, l’étudiant qui aurait, dans le format classique, redoublé sa PACES peut intégrer une L2, et en fin de L2 (ou L3) retenter sa chance pour l’accès aux études de santé via l’alterPACES.
➤ Si j’échoue en PACES et que je ne peux pas redoubler, qu’est-ce que je deviens ?
Le schéma ci-dessous explique les différentes voies issues de la PACES sans redoublement.
➤ Comment elles se répartissent, ces voix d’accès ? Et les chances des étudiants ?
Dans le schéma de la PACES classique, le concours concentre 100% des places du numerus clausus. Seulement, seront reçus à l’issue du concours environ 40% de primants et 60% de doublants (variable selon les années). En effet, on observe un effet « file d’attente » entre les primants et les doublants, puisque la très large majorité des étudiants ayant été reçu au concours en doublant auraient été reçus en primant s’il n’y avait pas eu de doublants en concurrence ! Donc, pour avoir 100% de chances d’entrer dans les études de santé, l’étudiant en a 40% en primant et 60% en doublant.
Dans le schéma de la PACES particulière, les places du numerus clausus sont réparties :
- De l’ordre de 25% maximum pour l’alterPACES qui constitue une voie à part entière accessible pour des étudiants ayant – ou non – tenté la PACES.
- De l’ordre de 75% minimum pour le concours PACES qui ne s’adresse plus qu’à des primants.
Ainsi, ces deux voies d’accès complètement indépendantes, et cumulables, totalisent bien 100% de chances d’accéder aux études de santé, comme c’était le cas auparavant !
➤ La première année, les primants seront désavantagés, non ?
En effet, la première année de l’expérimentation, les étudiants néo-arrivants en PACES sont confrontés aux doublants qui ont un avantage compétitif, alors qu’ils n’auront – eux – pas le droit de redoubler. C’est pourquoi il est nécessaire d’adopter des mesures de transition prenant la forme d’une augmentation transitoire du numérus clausus répartie entre les primants et les doublants pour garantir une égalité des chances entre les générations successives.
Ceci nécessite ensuite d’adapter les capacités de formation des études de santé concernées, de telle sorte qu’ils puissent tous être formés dans de bonnes conditions.
➤ Quels sont les avantages de ce système pour un étudiant qui échoue en PACES ?
Actuellement, un étudiant qui échoue en PACES au bout de deux ans et qui choisit de se réorienter en licence ne validera sa licence qu’à bac +4 / +5. Or, la PACES particulière permet de condenser cette « errance en PACES » : un étudiant peut valider une licence en trois ans tout en tentant deux fois sa chance pour entrer dans les études de santé (inscription et échec en PACES puis poursuite en L2 avec passage de l’alterPACES en L2 ou L3)..
Par ailleurs, la garantie de fournir une réorientation en S2 à tout étudiant reçu-collé est une demande des étudiants depuis longtemps ! Permettre aux étudiants de capitaliser les acquis de la PACES, c’est réduire le drame que peut représenter un échec au concours de la PACES, à une mais aussi à deux reprises parfois.
Ainsi, cette expérimentation favorise la réussite de ceux qui entrent en étude de santé (en diminuant le nombre d’années universitaires gaspillées avant d’atteindre ces études) mais aussi la réussite de ceux qui échouent à entrer dans les études de santé, en leur proposant des réorientations fiables et valorisées.
➤ Et les programmes, ils changent ?
Deux éléments font leur apparition :
- l’UE Préparation du Projet Professionnel (UE3P) dont l’objet est de faire découvrir tous les métiers de la santé à l’étudiant en PACES, et de le guider dans la construction de son propre projet professionnel, en santé ou hors santé.
- la formation des étudiants à l’oral. Celle-ci devra être fournie par l’université pour éviter tout gradient de discrimination sociale.
➤ Au final, ça concerne qui cette expérimentation ?
À la rentrée 2018, l’expérimentation concernera : Paris 5, Paris 6, Paris 7, Paris 12 et Brest.
Lille souhaiterait également se joindre à l’expérimentation, mais leur candidature fait encore l’objet d’une discussion en raison de problématiques locales remettant en question la préparation du projet.
Le tutorat étudiant sera prêt à s’adapter à ces changements, et à évoluer pour accompagner au mieux l’ensemble des étudiants !
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et questions dans la section commentaires ci-dessous ! ↓👌