Ce vendredi 13 octobre, à Châlus, le premier Ministre, Édouard Philippe, accompagné de la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a présenté un plan national pour « renforcer l’accès territorial au soin ». Ce plan s’articule autour de 4 priorités pour renforcer l’attractivité des territoires et des pratiques mais aussi organiser différemment l’approche du soin dans les territoires.
En effet, ce plan demande à ce que l’on change aussi la façon dont on considère l’accès au soin sur les territoires : il ne faut plus penser en offre de soin disponible mais à comment projeter les offres de soins sur l’ensemble d’un territoire.
La première priorité sera de renforcer l’offre de soins dans les territoires au service des patients avec une présence médicale et soignante accrue. Plusieurs pistes sont évoquées :
- Aider à l’installation et à l’exercice des médecins dans les zones en tension en élargissant les zones éligibles des aides incitatives aux aides à l’installation.
- Faciliter le cumul emploi/retraite des médecins libéraux pour maintenir des médecins sur le territoire
- Développer les consultations avancées, permettant ainsi aux médecins de pratiquer selon leurs propres modalités dans des territoires sous-denses.
- Créer des postes « d’assistants partagés » entre la ville et l’hôpital exerçant entre une structure hospitalière et une structure ambulatoire en zone sous-dense
- Généraliser le contrat de médecin adjoint, permettant à des jeunes médecins d’appuyer des praticiens en zone sous-dense et facilitant leurs installations futures.
- Favoriser les stages ambulatoires des professionnels de santé en formation, en revalorisant l’indemnité des Maîtres de Stage Universitaire (MSU) en zone sous-dense de 50% ainsi qu’en ouvrant près de 500 nouveaux lieux de stages dont 350 en spécialités médicales hors médecine générale.
- Création d’une aide au transport ou à l’hébergement de 200€ à destination des externes est mise en place pour faciliter les choix de stage à distance de l’UFR.
- Faciliter les remplacements et l’exercice mixte (salarié/libéral) en améliorant la couverture sociale des remplaçants.
La deuxième priorité visera à mettre en œuvre la révolution numérique en santé pour abolir les distances. Trois axes sont lancés :
- Inscrire la télémédecine dans le droit commun dès 2018 afin de mettre fin aux expérimentations et en permettre la tarification dans les négociations conventionnelles.
- Accompagner les structures hospitalières dans l’adoption de la télémédecine.
- Faire émerger les territoires digitaux tels que le Dossier Médical Partagé.
La troisième priorité sera destinée à favoriser une meilleure organisation des professions de santé pour assurer une présence soignante pérenne et continue sur l’ensemble du territoire.
- Soutenir le développement des Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP), des centres de santé et de tous les modes d’exercice coordonné en doublant le nombre de MSP et de centre de santé avant la fin du quinquennat
- Garantir une réponse aux demandes de soins non programmés aux heures d’ouverture des cabinets en s’appuyant sur les initiatives professionnelles.
- Créer un guichet unique d’information et d’orientation pour l’exercice des professionnels de santé, afin que tous aient un interlocuteur unique pour accompagner leur projet professionnel et faciliter leurs démarches administratives, depuis leurs installations jusqu’à leurs retraites.
- Simplifier la prise en charge des patients en situation complexe en faisant converger financièrement les dispositifs d’appui aux parcours complexes selon les territoires en supprimant les mesures redondantes et en facilitant l’accès aux mesures essentielles pour les professionnels de santé.

Inauguration de la Maison de Santé de Châlus (87) en présence du Premier Ministre et de la Ministre de la Santé.
Crédit photo Matignon
Enfin la quatrième priorité sera un changement de méthode en faisant confiance aux acteurs des territoires pour construire des projets et innover par un certain nombre de mesure :
- Co-construire un projet d’animation et d’aménagement du territoire par les professionnels de santé, les usagers, les institutions et les élus des territoires en développant des projets adaptés aux caractéristiques d’un territoire sans forcément appliquer un modèle pré-établi.
- Mettre en place un cadre commun permettant aux professionnels de santé d’expérimenter et d’évaluer de nouvelles expérimentations grâce à la mise en place d’un fond d’investissement modulable intégré à l’ONDAM.
- Evaluer régulièrement la mise en place des différentes actions territoriales afin de pouvoir étendre, valoriser et pérenniser les projets dont l’impact est bénéfique.
- Appuyer les agences régionales de santé dans l’accompagnement des projets de territoire en augmentant le montant du FIR (Fond d’Investissement Régional).
Ce plan qui reprend certaines positions portées depuis longtemps par l’ANEMF (ouverture des stages ambulatoires de spécialités hors MG, soutenir le FIR, guichet unique) est un premier pas vers le développement d’une politique d’attractivité répondant aux attentes des plus jeunes.
Il institutionnalise enfin la projection de professionnels de santé sur les territoires de façon modulable et flexible en soutenant les initiatives médicales.
Nous serons attentifs aux moyens apportés pour soutenir ces initiatives dans le Projet de Loi de Financement de La Sécurité Sociale.