Cette année encore, une enquête autour de pratiques soupçonnées de relever du bizutage a été ouverte, cette fois à la faculté de médecine de Caen. Le débat public autour des événements d’intégration est rouvert, avec son lot de vérités mais aussi de désinformations, de mythes ou d’exagérations. L’ANEMF, après avoir condamné les dérives que constituent le bizutage, casse les préjugés et vous montre le vrai visage de l’intégration étudiante en 2017.
« Du bizutage, y en a dans tous les événements d’intégration. »
FAUX. Les pratiques de bizutage sont sévèrement condamnées par la communauté étudiante. Les étudiants participant aux événements d’intégration sont très majoritairement bienveillants, et les dérives qui peuvent se produire occasionnellement sont dues à des comportements individuels inacceptables.
« Ces événements sont incontrôlables, et sont une porte ouverte aux dérives. »
NON. Les associations étudiantes organisant des événements d’intégration le font de manière bénévole, afin de proposer à l’ensemble de leurs camarades des activités consenties leur permettant de faire connaissance. La plupart du temps, elles s’investissent pendant plusieurs mois pour garantir à l’ensemble des participants un environnement adapté et sécurisant : sécurité, protection civile, secouristes, … Par ailleurs, les associations sont vigilantes sur place au comportement de chacun, et sont à la disposition des participants s’ils rencontrent un quelconque problème.
L’ANEMF diffuse auprès de l’ensemble de ses adhérents des recommandations pour organiser des événements responsables : nous sommes notamment signataires de la charte des Soirées Étudiantes Responsables de la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes) et en promouvons les valeurs auprès de l’ensemble des étudiants.
Pour autant, ces bénévoles ne sont pas infaillibles, et ne peuvent pas prévenir l’ensemble des comportements individuels en amont. Il est donc important de souligner deux points :
- Les événements organisés à l’heure actuelle restent dans la très grande majorité des cas un environnement cadré et sécurisant. Les dérives et débordements sont dus à des comportements ponctuels inacceptables. Les pratiques de bizutage pouvant malheureusement survenir au sein ou en dehors de ces événements ne disparaitraient pas avec l’interdiction de ces événements, contrairement au cadre sécurisant garanti par les associations étudiantes.
- Les associations étudiantes doivent être formées et accompagnées pour organiser des événements toujours plus responsables. Le soutien des Universités doit être renforcé et permettre aux équipes organisatrices de se focaliser sur la prévention de potentielles dérives.
« Leurs études sont peut être difficiles, mais ce n’est pas une raison pour organiser ce type d’événements. »
SI. L’enquête sur la santé mentale des jeunes et futurs médecins de juin 2017 a montré des chiffres alarmants : 60% d’anxiété, 33% de dépression et 29% d’idées suicidaires. Elle a également montré un facteur de risque majeur pour ces troubles psychiques : l’isolement. C’est pourquoi il est primordial que, dès leur arrivée dans le cursus, les étudiants puissent se rencontrer, se rassembler, créer un esprit de cohésion et tisser des liens précieux pour le reste de leurs études. Ces événements d’intégration sont essentiels pour la communauté étudiante et doivent donc être conservés.
Par ailleurs, il est important de souligner que le bizutage ne doit en être que plus sévèrement condamné : les étudiants en médecine constituant une population à risque, toute pratique délétère pour leur équilibre psychique est inacceptable.
« Et dire que ce sont nos futurs médecins : comment leur faire confiance ? »
RIEN À VOIR. Le bizutage doit être condamné, qu’il se produise en études de médecine ou dans n’importe quelle autre filière. Pourquoi une autre profession aurait-elle plus le droit de faire subir des pratiques dangereuses et répréhensibles ?
Par ailleurs, les événements d’intégration ne sont pas propres à la faculté de médecine. Ils sont habituellement organisés dans la plupart des filières, dont les écoles d’ingénieur ou les écoles de commerce. Ils font partie du folklore étudiant, et sont inoffensifs tant qu’ils sont cadrés et responsables, ce qui est le cas pour la plupart d’entre eux.
En conclusion, c’est quoi l’intégration étudiante en 2017 ?
L’intégration étudiante, c’est avant tout des étudiants qui se rassemblent pour faire connaissance. Les événements d’intégration permettent de créer une véritable cohésion au sein des promotions. Celle-ci est précieuse quand on sait que l’isolement est un facteur de risque important pour les risques psycho-sociaux auxquels les étudiants en médecine sont sujets.
Les associations étudiantes organisent des événements très majoritairement cadrés et sécurisés, dont la plupart des étudiants sont largement satisfaits. Elles doivent être encouragées et accompagnées dans cette voie, le soutien des acteurs locaux étant essentiel pour leur permettre de se responsabiliser.
Le message des étudiants est clair : le bizutage est inacceptable. Mais attention à ne pas faire l’amalgame entre les dérives que constituent le bizutage et l’intégration saine et responsable qui reste la situation largement majoritaire. Les étudiants, les Universités et les associations doivent avancer main dans la main pour garantir des événements toujours plus responsables, sécurisés et appréciés.