
Jean Paul Saint André
Cette rentrée 2017 a été marquée par le lancement d’une vague de réflexions et de concertations sur l’entrée dans l’enseignement supérieur. A ce titre, 11 groupes de travail ont été lancées début septembre dont un focalisé sur l’entrée dans les études de santé. Le travail de concertation au sein de ce groupe était dirigé par Jean-Paul Saint-André, ancien doyen de l’UFR des Sciences de Santé d’Angers et ancien président de l’Université d’Angers. Il a duré un mois et demi et différents acteurs y ont participé tels que la CPU (conférence des présidents d’Université), les CDD (conférence des doyens) des différentes filières de santé ainsi que différents syndicats de parents d’élèves et de travailleurs.
Il s’est achevé avec la publication du rapport Filâtre le 19 octobre 2017. Un rapport spécifique au groupe de travail sur l’entrée dans les études de santé a également été rédigé.
Dans ce groupe de travail, nous étions représentés, ainsi que toutes les autres filières de santé, par le biais de la FAGE. Néanmoins, l’ANEMF s’est rendue aux différentes réunions bilatérales entre Jean-Paul Saint-André et les différentes associations représentatives des filières de santé et a pu transmettre l’avis des étudiants en médecine.
Quel(s) constat(s) ? Pourquoi ces concertations ?
La PACES existe depuis la rentrée 2010-2011. Dès 2013-2014, des expérimentations dans différentes facultés de médecine de France ont été lancées afin de tenter de pallier les échecs de la PACES. Les constats ont été rapides : la PACES engendrait des risques psycho-sociaux importants, un gâchis humain (de par les faibles possibilités de réorientation au départ après un à deux ans de PACES), un choix par défaut de certaines filières notamment la pharmacie par manque d’information des étudiants ou encore ne permettait pas de diversifier des profils car celle-ci ne sélectionne que sur l’apprentissage d’une masse de données importante sanctionnée par des QCM.
Le lancement d’une troisième vague d’expérimentations PACES l’an passé a confirmé la volonté de proposer des alternatives au modèle de la PACES tel qu’il existe actuellement.
Le lancement de ces concertations traduit la volonté de mener une réflexion approfondie sur l’entrée dans les études de santé.
Parallèlement aux concertations, l’ANEMF a donc mené sa propre réflexion à propos de l’entrée dans les études de santé dont celles de médecine.
Quelles réflexions pour l’ANEMF ?
Une contribution sur le sujet a donc été rédigée et votée au cours du mois d’octobre. Celle-ci établit différents objectifs auxquels devraient répondre une première année d’entrée dans les études de santé. Cependant, elle laisse une plus grande autonomie aux universités dans la manière d’atteindre ces objectifs. Ceux-ci se basent sur des nécessités auxquelles doit répondre cette première année et d’autres sur des constats liés à la PACES actuelle :
Constat/Nécessité | Objectifs |
La PACES est une année qui majore les risques psycho-sociaux | Limiter des risques psycho-sociaux en proposant un accompagnement aux étudiants qui le souhaitent ou qui en ont besoin et en permettant la mise en place d’une sélection plus progressive notamment par contrôle continu. |
La PACES est une perte de temps pour certains étudiants qui se retrouvent sans rien au bout d’un voire 2 ans | Augmenter et développer les possibilités et les systèmes de réorientation |
Les étudiants admis sont majoritairement issus d’un bac S mention Bien ou Très Bien et de catégories socio-professionnelles élevées. | Diversifier le profil des étudiants grâce à des systèmes de passerelles entrantes |
La PACES est une filière attractive pour le lycéen, pas forcément bien informé sur les différentes filières proposée lors du concours final et leurs formations et débouchés conduisant à un certain nombre d’abandon ou de choix par défaut | IInformer le lycéen sur les différentes filières possibles, leurs différentes formations et leurs débouchés. Aider l’étudiant·e en PACES à s’orienter et à construire un projet professionnel. |
Nécessité d’avoir un nombre régulé d’étudiants en filières de santé | Maintenir le numerus clausus mais possibilité d’une sélection en plusieurs fois et/ou par plusieurs voies différentes |
Nécessité d’une gestion des flux étudiants | Maintenir deux chances d’accéder aux études de santé pour tous les étudiants |
L’ANEMF propose également la mise en place d’un comité de validation, de suivi et d’évaluation des dispositifs d’entrée dans les études de santé au sein de la CNEMMOP (Commission Nationale des Études de Médecine, Maïeutique, Odontologie et Pharmacie) afin de s’assurer que les dispositifs mis en place par les Universités respectent bien les objectifs du cadrage national.
Quelles sont les conclusions de la concertation ?
Les conclusions de la concertation sont globalement en accord avec nos positions. Le rapport rendu par Jean-Paul Saint-André n’acte rien de définitif, néanmoins il sert de base au projet de loi. Quelques points de vigilance demeurent.
En effet, la suppression du redoublement ou du moins sa limitation est très sérieusement envisagée dans le but de diminuer les effectifs en PACES afin d’éviter le tirage au sort tout en respectant les capacités d’accueil. Toutefois, cette suppression du redoublement ne supprimerait pas la deuxième chance d’accès aux études de santé qui prendrait alors une autre forme.
Sur le sujet du Numerus Clausus, le groupe de travail a été plutôt consensuel sur la nécessité de le maintenir. Cependant, celui-ci ne sera peut-être pas maintenu au « à un près » mais dans une « fourchette » autour du nombre total d’étudiants admis en 3ème année. Cette réflexion intervient alors que le nombre de voies d’accès et les passerelles possibles se multiplient.
En ce qui concerne le Plan Étudiants et l’annonce d’un MOOC « préparation à l’entrée dans les études de santé », l’ANEMF a réaffirmé son opposition au pré-requis et sera donc vigilante sur la forme que prendra celui-ci. Le travail autour de son contenu et de sa forme a déjà été entamé à l’ANEMF avec l’aide des administrateurs et des tutorats.
L’objectif final tend finalement à sortir d’un cadre unique de la PACES pour préférer des modèles adaptés à l’environnement local. Il s’agira donc de faire entrer dans un futur plus ou moins proche les expérimentations PACES dans le droit commun.