A l’occasion de sa sortie en dvd récente et des nominations aux césars, nous vous proposons une rétrospective sur l’un des films les plus marquants de 2017 : 120 battements par minute de Robin Campillo.
140 minutes battantes et bouleversantes. Le cinéma français par le regard et les mains de Campillo nous offre un drame engagé et romanesque poignant et rare. Impossible de rester insensible face à l’Histoire et à la lutte que nous dépeint cette œuvre. Le spectre humain dans toute sa mosaïque nous est montré : l’homme face l’homme, à l’amour et au corps ; l’homme face à la vie, au bonheur et à la fête ; l’homme face à la maladie, aux obstacles et à la mort.
Ce film est un bijou de réalisation et de montage couplé à des performances de jeu d’acteur extraordinairement réalistes. On applaudira le comédien argentin Nahuel Pérez Biscayart pour qui 2017 est signe d’envol. Nos cœurs, quasi tachycardes, battent au rythme d’une musique, tantôt festive voire épileptique, tantôt foudroyante de profondeur émotionnelle et de douleur sentimentale.
120 battements par minute fait partie de ces films nécessaires. Ces grosses piqures de rappel qui montrent les combats d’hier et ceux à mener encore. Le VIH tuait et il tue encore aujourd’hui de trop nombreuses personnes. La jeunesse est encore que trop peu et mal informée sur les risques des rapports sexuels non protégés.
Act Up : engagement et activisme
Cette œuvre nous renvoie à l’engagement associatif et à l’activisme. Les nombreuses assemblées générales (AG pour les intimes) souvent tumultueuses, marquant l’évolution de l’association ne sont sans rappeler, dans une moindre mesure, l’ANEMF et ses congrès.
A travers 120 battements par minute, c’est aussi et surtout l’histoire de malades qui s’engagent dans leur soin et en deviennent même acteurs. Une expertise de la maladie s’est développée devenant ainsi une des piliers de l’activisme de l’association. Act Up-Paris a été donc aux préludes de la construction de ce qu’on appelle aujourd’hui le “patient expert” .
C’est quoi un patient expert ?
La reconnaissance de l’expertise du patient s’est développée depuis l’inscription de l’Education Thérapeutique du Patient (ETP) dans la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoire (HPST) de 2009.
Cette expertise fournit la légitimité au patient de pouvoir intervenir auprès d’autres patients – comme dans le cadre de groupe de paroles – ou directement dans la formation médicale – par le biais d’Universités de Patients par exemple.
Il existe actuellement dans certains UFR, des séances de simulation en relationnel auxquels participent étudiants et patients-experts pour leur permettre de mieux se préparer et d’appréhender certaines situations complexes.
Sérophobie et discrimination des malades
Le film nous interroge sur la condition des malades dans une société qui les rejette violemment à la fois pas peur et même par dégoût. A cette sérophobie se mêle de manière étroite, malheureusement, l’homophobie. C’est ainsi que la maladie devient un vecteur de discrimination sociale, où le malade devient cet élément presque néfaste, dissimulant le vrai mal qu’est la pathologie.
Et l’ANEMF ?
L’ANEMF se veut être actrice dans cette lutte contre les IST, en mettant en avant l’éducation à la sexualité auprès des lycéens et étudiants. Au local, de nombreuses sessions de dépistage au cours de l’année sont proposés gratuitement aux carabins. La santé des jeunes est un enjeu fondamental pour la structure.
Points d’actualité !
Soins funéraires
Depuis 1998, par crainte de contamination, les personnes séropositives au VIH et aux hépatites ne peuvent bénéficier de certains soins funéraires visant à retarder le processus de décomposition. Cette discrimination a été combattue de longues dates par les associations de lutte contre le sida. Depuis le 1er janvier 2018, l’interdiction des soins funéraires aux séropositifs a été levée ce qui représente une grande victoire pour la cause !
La fin du VIH en France ?
Non le VIH n’est pas une contamination du passé. Malgré une baisse réelle des contaminations depuis une dizaine d’année, les chiffres de contamination de 2016 ne sont pas des plus rassurants. En effet, 6003 personnes ont découvertes leur séropositivité cette année. Les hommes gays et bisexuels restent les populations les plus à risques. Prudence et protections ne sont pas à abandonner face aux risques bel et biens existants