Réforme de l’entrée dans les études de santé
Point de contexte
Le 18 septembre 2018, Emmanuel Macron annonce sa stratégie de transformation du système de santé (STSS), dans laquelle sont prévues des réformes des études de santé. On peut notamment citer la suppression du numerus clausus et de la PACES.
A la suite de cette annonce, un groupe de travail dirigé par Jean-Paul Saint-André (ancien président de l’université d’Angers) est formé. Il est alors composé des syndicats étudiants, des fédérations des étudiants de filières de santé (dont l’ANEMF), des conférences des doyens des filières de santé et de la conférence des présidents d’université.
Jean-Paul Saint-André a rendu son rapport, résultant des concertations du groupe de travail, le 18 décembre dernier. C’est donc sur celui-ci que l’article portera. Il est cependant nécessaire de préciser que ce rapport n’est qu’une base de travail. A l’heure actuelle aucun arbitrage n’a encore été rendu par les Ministères de tutelles (Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) et Ministère des Solidarités et de la Santé (MSS)) et une seconde phase de concertation va être lancée dans les semaines à venir.
La suppression du numerus clausus
C’était une promesse forte de campagne du Président de la République : la suppression du numerus clausus. Celle-ci est presque actée mais cela ne signifie en aucun cas qu’il n’y aura plus de sélection à l’entrée des études de santé !
En effet, le numerus clausus était un outil de régulation de la démographie médicale. En le supprimant, on ne supprime aucunement la régulation, simplement le moyen de la mettre en oeuvre. Cette proposition est soutenue par l’ANEMF : en effet le numerus clausus a prouvé son incapacité à gérer la démographie médicale (fluctuation importante d’une décennie à l’autre, impossibilité d’estimer le nombre exact de médecin nécessaires dans 10 ans, …).
Le numerus clausus devrait donc être remplacé par une définition sous forme de fourchette (plus modulable d’une année sur l’autre). Cette fourchette sera définie grâce à un dialogue entre, d’un côté les Agences Régionales de Santé (ARS) et de l’autre les universités. La norme basse sera calculée en fonction des besoins de santé du territoire (estimés par l’ARS concernée) et la norme haute en fonction des capacités de formation de l’UFR (estimées par l’université concernée). De plus, afin d’aider ces instances, des objectifs pluriannuels seront publiés par l’État (après concertation entre le Ministère de la santé et l’ONDPS (Observatoire National de la Démographie des Professionnels de Santé)).
La suppression de la PACES
La PACES est un système qui arrive à bout de souffle. Décriée par l’ensemble des acteurs depuis sa création, elle n’a cessé de conditionner des étudiants à un fonctionnement complètement déconnecté de la réalité de nos professions, avec bien trop souvent des conséquences désastreuses sur ceux-ci. Sa suppression a donc été immédiatement saluée par l’ensemble des acteurs (personnels universitaires et étudiants).
Il reste cependant à définir ce qui devra remplacer cette année, ainsi que les nouvelles modalités de sélection qui en découleront. Pour cela, le rapport s’inspire grandement de l’organisation générale des dernières expérimentations PACES mises en place. Un système qui est, certes plus complexe, mais qui laisse une plus grande part à la diversification des profils et aux différents projets professionnels des étudiants.
Les licences universitaires
A l’instar des Alter PACES déjà mises en place dans une quinzaine d’universités, il sera possible de postuler à l’entrée dans les études de santé depuis une autre offre de formation. Les formations donnant accès aux filières MMOP (Maïeutique, Médecine, Odontologie et Pharmacie) seront définies régionalement dans chaque université. Il est cependant fort probable que les licences universitaires et les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) rattachées aux universités offrent cette possibilité.
C’est donc à la fin de sa première, deuxième voire troisième année de licence (L1, L2 voire L3) que l’étudiant pourra postuler à l’entrée dans les études de santé, via des modalités qui ne sont, pour le moment, pas encore définies. Il sera cependant très certainement nécessaire que ces étudiants aient suivi des enseignements de santé au sein de leur licence. Nous avons donc proposé la création d’une “mineure santé” qui pourrait être intégrée dans le parcours de l’étudiant et valorisée pour l’obtention de son diplôme de licence, dans l’éventualité où il n’aurait pas eu accès aux filières MMOP.
Cette voie d’accès s’adresse surtout aux lycéens ayant un double projet professionnel à la sortie du lycée. C’est-à-dire, les lycéens qui, dans l’éventualité où ils ne parviendraient pas à intégrer une des filières MMOP, ont déjà un “plan B”. Cette voie d’entrée leur permet de s’inscrire directement dans la filière de leur choix, tout en postulant en parallèle à l’accès aux études de santé.
Cette voie d’entrée représente 40% des étudiants acceptés dans les filières MMOP.