Réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C) : point d’étape
Mise en application à la rentrée 2020, fin des ECNi en 2023
Un an après l’annonce de la suppression de l’Examen Classant National (ECNi) par mesdames les Ministres Agnès Buzyn (Ministre des solidarités et de la santé) et Frédérique Vidal (Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation) lors des journées d’été de l’ANEMF 2018, un point d’étape sur la réforme du deuxième cycle des études médicales s’impose : Pourquoi une réforme a lieu ? Quels étudiants seront concernés ? Par quoi seront remplacés les ECNi ? Quels sont les chantiers à venir ? L’ANEMF répond à vos interrogations.
I- Pourquoi une réforme du deuxième cycle des études médicales ?
L’ECN a été créé en 2004 dans le but d’organiser la procédure de choix de poste (spécialité et subdivision) en classant les étudiants de fin de deuxième cycle (DFASM3/D4/6ème année). Cet examen était critiqué par les étudiants, car corrigé manuellement par différents Professeurs. La correction était ainsi soupçonnée d’être variable d’un correcteur à l’autre. C’est une raison pour laquelle l’ECN a été informatisé et est devenu ECNi : un examen objectif et moins coûteux. Cependant, l’ECNi sacralise l’apprentissage des connaissances de sur-spécialisation et le tout QCM, entraînant un bachotage intense des étudiants de la 4ème à la 6ème année, cela au détriment des stages cliniques.
En 2017, les ECNi tournent au fiasco : une promo entière de DFASM3 doit repasser journée d’épreuves sur les trois jours qui détermineront la suite de leur carrière. A ce moment là, l’ANEMF monte au créneau et demande au gouvernement la sécurisation des futurs ECNi ainsi qu’une réflexion gouvernementale sur le deuxième cycle des études médicales. C’est chose faite. Désormais, chaque dossier des ECNi est sécable et a évité un nouveau fiasco lors des ECNi 2019. De plus, un rapport sur le deuxième cycle des études médicales a été commandé par les ministères de tutelle à Quentin Hénion-Imbault (Vice-président chargé des études médicales de l’ANEMF 2016-2017) et Jean-Luc Dubois-Randé (Président de la Conférence Des Doyens médecine de l’époque). Cette mission ministérielle a auditionné l’ensemble des acteurs impliqués dans la formation des futurs médecins, dont l’ANEMF, qui en parallèle engageait une Grande Concertation Nationale (GCN) sur le deuxième cycle avec des étudiants de toute la France. Le rapport de cette GCN a été rendu public lors des Etats Généraux du second cycle1 (EG2C) à Paris, en octobre 2017. Un peu plus d’un mois plus tard, le rapport2 commandé à Quentin Hénion-Imbault et Jean-Luc Dubois-Randé est lui aussi rendu public et est très fortement inspiré des travaux de l’ANEMF.
En s’appuyant sur les conclusions de ce rapport, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal annoncent en juillet 2018, la suppression de l’ECNi et son remplacement par un nouveau modèle qui prendra en compte les connaissances, mais aussi les compétences et le parcours de l’étudiant (première mesure des états généraux du second cycle de l’ANEMF). C’est une victoire pour les étudiants en médecine, entendus par les ministères, ils seront désormais valorisés sur la globalité de leur parcours !
II – Quels étudiants seront concernés par cette réforme ?
La loi de transformation du système de santé3 promulguée en juillet dernier indique que la réforme du deuxième cycle des études médicales sera mise en application pour les étudiants rentrant en DFASM1 (Anciennement D2 ou 4ème année) en septembre 2020.
III – Par quoi sera remplacé l’ECNi ?
L’ECNi sera remplacé par ce qu’on appelle « le matching ». L’objectif de celui-ci est de faire correspondre le profil d’un étudiant à un poste (Ex de poste : Médecine Générale à Toulouse). Pour ce matching sera pris en compte :
– La note de l’étudiant à son examen de connaissances
– La note de l’étudiant à son examen de compétences
– La note de l’étudiant à son dossier parcours
Revenons sur les trois volets du trépied de la réforme
Les connaissances requises pour l’examen seront réduites d’un tiers par rapport à l’ECN. En effet, les connaissances dites de rang C ou de sur-spécialisation ne seront plus exigibles pour le deuxième cycle et seront enseignées lors du 3ème cycle : l’internat. Seules les connaissances dites de rang A (exigibles pour tout médecin) et de rang B (exigible à un interne de premier semestre) le seront. Un minimum de bonnes réponses pour le rang A sera requis afin de pouvoir accéder au 3ème cycle. Les connaissances de rang B auront une pondération différente suivant la spécialité souhaitée par l’étudiant (Ex fictif : Une question de cardiologie sera valorisée avec un coefficient 5 pour l’étudiant souhaitant devenir cardiologue et sera valorisée avec un coefficient 1 si l’étudiant aspire à devenir interne en dermatologie). De plus, un référentiel unique est en cours de création afin qu’un item4 ne soit traité qu’une seule fois et non par différentes spécialités comme actuellement, ce qui générait redondances et contradictions. L’examen aura lieu au début de la DFASM3 (D4/6ème année) et comportera les modalités docimologiques suivantes :
– Dossiers progressifs (DP), qui comporterons moins de questions
– Questions Isolées (QI)
– Tests de Concordance de Script (TCS)
– Keys Features Problems (KFP) avec des Questions à Réponse Unique (QRU) et des Questions à Réponse Ouverte et Courte (QROC)
N’hésite pas à te rapprocher de ton équipe pédagogique qui t’expliquera et te préparera à ces modalités d’évaluations.
Le deuxième cycle des études médicales comportera une réelle approche par compétences. Un référentiel de compétences sera créé et un portfolio permettra de suivre la progression de l’étudiant au cours de ses années d’études. Les compétences seront évaluées par des ECOS (Examen Clinique Objectif Structuré), modèle d’évaluation utilisé notamment au Canada et en Suisse, mais également à Rouen et Toulouse depuis de nombreuses années. Chaque étudiant sera confronté à différentes situations cliniques et devra répondre aux objectifs demandés. Bien que cet examen fasse intervenir des évaluateurs humains, la manière d’évaluer l’étudiant est dépendante de la grille de notation et non de l’évaluateur. De plus, afin d’éviter d’éventuelles situations de « piston », les évaluateurs proviendront d’autres facultés de France.
La prise en compte du parcours de l’étudiant est symbolique. L’objectif est d’encourager les initiatives des étudiants. L’ensemble des éléments qui pourront être pris en compte dans ton parcours n’est pas encore acté. La valorisation des mobilités internationales, des engagements étudiants, ou encore des doubles cursus (UE optionnelles, master, thèse précoce) est évoquée. Tes représentants étudiants et l’ANEMF reviendront vers toi pour t’informer.
4 Un item est une partie du programme de l’externat qui en comporte actuellement 362, par exemple, l’item 128 s’intitule athérogenèse, athérome. Avec la réforme, un petit nombre de nouveaux items s’ajouteront au programme. En effet, la médecine évoluant, la formation doit faire de même et intégrer la gestion de l’incertitude, les humanités médicales, le numérique en santé.
IV – Quels sont les chantiers à venir ?
Depuis mai 2019, Yanis Merad (Président de l’ANEMF 2017-2018, année des EG2C) et Marc Braun (Doyen de la faculté de médecine de Nancy) travaillent pour une mission ministérielle dédiée à la R2C. Ils sont chargés de rendre un rapport sur les différents volets du trépied de la réforme. Ce rapport servira de base aux ministères de la santé et de l’enseignement supérieur pour rédiger les textes législatifs (décret, arrêté) de la réforme du deuxième cycle. L’ANEMF est en dialogue permanent avec la mission ministérielle et porte la voix de vos représentants étudiants.
La hiérarchisation des connaissances en rang A, B et C étant terminée, la rédaction des items, et donc du référentiel unique, va pouvoir débuter. Des formations nationales sur les ECOS ont et vont avoir lieu d’ici octobre pour que l’ensemble des facultés puissent en organiser à titre d’entraînement. L’ANEMF a demandé à ce qu’un travail sur le référentiel de compétences soit engagé avec des experts en pédagogie. Les réflexions nationales sur la prise en compte du parcours et sur la forme du matching (algorithme, choix de poste) ont eu lieu avec les représentants étudiants de l’ensemble des facultés de France durant l’été.
Modalités transitoires pour les étudiants rentrant en DFASM1 en septembre 2019 où en est-on ?
Les étudiants rentrant en DFASM1 (D2) en septembre 2019 souhaitent être évalués pour les ECNi 2022 uniquement sur les connaissances de rang A et B, bien que le référentiel unique ne soit disponible qu’en septembre 2020. Cependant, ce point n’est pas acté. Ainsi les étudiants rentrant en septembre 2019 en DFASM1 doivent travailler l’ensemble des connaissances requises actuellement pour les ECN (Le respect de l’AMM du médicament, Les recommandations de l’HAS et de l’ANSM, En cas d’absence de recommandations HAS et de l’ANSM, les pratiques en vigueur recommandées par les collèges de spécialité et les sociétés savantes françaises seront appliquées).
Attention, l’ANEMF tient à mettre en garde les étudiants vis à vis des nouvelles éditions des collèges qui sortiront à la rentrée. En effet, la publicité concernant ces nouvelles éditions indique que celles-ci sont hiérarchisées en rang A, B et C. Le travail sur la hiérarchisation n’étant pas terminé au national, cette publicité est donc mensongère et la hiérarchisation proposée dans les nouvelles éditions des collèges ne sera pas le reflet de celle de la réforme.
V – Et toi alors ?
La réforme est toujours en construction. Si tu as des questions ou un avis à donner sur l’un des points de cette réforme, n’hésite pas à contacter tes représentants étudiants de ta faculté ou l’ANEMF via l’adresse em@anemf.org